Les qualifications requises pour le nouveau directeur général du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) ouvrent le débat après les éclaircissements du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI) à Antaninarenina, hier.
« Il n’est pas un politicien. Mais dans le cas où un homme politique soumet sa candidature, il est recommandé qu’il laisse de côté son appartenance politique après sa nomination, puisque la neutralité pendant le mandat figure parmi les conditions requises ». C’est en ces termes que Sahondra Rabenarivo, la directrice du CSI a résumé en quelques mots le profil exigé aux candidats devant la presse.
Dans son explication, la responsable n’a pas été intransigeante en appuyant que « l’appartenance politique ne constitue pas un critère de disqualification pour un politicien qui veut se porter candidat ».
Un homme politique ou non ? La neutralité des pressentis candidats suscite de nombreuses interprétations. Vu la noblesse de la mission confiée au numéro Un de l’institution chargé de la lutte contre la corruption, les attentes des citoyens optent pour celui qui n’a jamais souillé ses mains par des affaires politiques.
Pour les leaders dans les secteurs représentés dans le comité ad hoc, mis en place pour prendre en charge le recrutement, les points de vue rejettent carrément la nomination d’un homme politique à la direction du Bianco. « La nomination d’un homme politique donnera une mauvaise image au Bianco. S’il s’agit de quelqu’un qui a fait de la politique, s’il est déjà mouillé dans une telle affaire à l’issue d’un parti, ce n’est pas la peine qu’il soit là. À ce moment-là, le futur haut responsable serait un oiseau rare. Mais essayons de trouver un oiseau rare qui existe », réagit Fredy Rajaonera, président du Syndicat des industries de Madagascar.
Loyauté
Mais cela ne l’empêche pas de suggérer la qualité du futur directeur général. « Si je donne une image au leader nommé à la tête du Bianco, il faudrait que cela soit une personne exemplaire. Une personne qui connaît les rouages de l’administration », ajoute-t-il.
La définition de la neutralité politique remet en cause la réputation des politiciens de s’impliquer dans les affaires publiques. Dans la procédure de nomination du directeur général du Bianco, les yeux des observateurs sont rivés sur la vraie qualité de la personne et sa dignité.
Sous un autre angle, la neutralité politique signifie, pour les observateurs, que la personne nommée n’ait jamais abordé la politique afin d’acquérir la loyauté dans la mise en œuvre de la mission. Pour Willy Razafinjatovo, analyste politique, « la personne qui se porte candidat au poste de directeur général du Bianco devrait être connue s’il est à la hauteur de sa mission. Si elle est à l’issue d’une appartenance politique, serait-elle capable d’attaquer les compagnons de son parti en cas de traitement des dossiers brulants ? ».
Pour le Collectif des citoyens et organisations citoyennes ou CCOC, la qualification d’un leader pour mener la lutte contre la corruption requiert certains principes. « Le futur directeur général du Bianco doit être intègre. Il doit avoir une capacité de résister aux pressions émanant des autorités supérieures. Il le faut tout en gardant la transparence et la redevabilité. Dans sa mission, il doit défendre l’intérêt commun », affirme Hony Radert, secrétaire général du CCOC. Elle a soulevé que pendant le mandat de l’actuel directeur général qui prendra bientôt fin, les enquêtes sur certaines affaires sont restées inachevées sans que l’on sache les raisons, s’il s’agit d’un manque de communication ou autre.
Elise Nandrasaniela
Source : L’express de Madagascar du 19/04/2019